« l’Affaire des Vermiraux », Quarré-les-Tombes, Yonne, Juillet 1910-1911,

ECONOMIE DES SECRETS DANS UNE INSTITUTION EDUCATIVE ET SANITAIRE DE PLACEMENTS D’ENFANTS

Emmanuelle JOUET [pour en savoir plus sur ses travaux de recherche : cliquez ici]

En 1910, ce projet sanitaire et éducatif, présenté à son origine comme novateur, est devenu l’objet d’un réquisitoire judiciaire, puis d’une condamnation.

« L’Affaire des Vermiraux » s'est déroulée au début du XXe siècle. A Quarré-les-Tombes, une institution éducative privée reçoit, de 1882 à 1910, des enfants de diverses origines sociales. Ils sont placés par leur propre famille ou sont issus des agences de l’Assistance publique de la Seine, de la Seine-et-Marne, et de la Seine-et-Oise. L’établissement poursuit une activité de soin contre la teigne jusqu’en 1907, date du décès de son fondateur. La continuation du fonctionnement est assurée par sa femme et de façon cachée par un représentant de l’Assistance publique. A partir de cette année 1907, c’est en une machine d’exploitation financière, humaine et de maltraitance, que se transforme les «Vermiraux ». Les gérants s’enrichissent au détriment des enfants, sous couvert de l’administration de l'Assistance publique, de l'Administration pénitentiaire et de celle de l’Instruction publique. Une révolte des pensionnaires en date du 2 juillet 1910 va entraîner l’ouverture d’une instruction à leur encontre. Il s’agit de la première condamnation de gérants éducateurs à de lourdes peines de prison ferme.

charmilles
quarré

Ce cas d'installation et de stabilisation d’agissements « surviolents » et de malversations à l’encontre de ces enfants fragilisés socialement peut s'étudier dans une vision multiréférentielle pour en permettre une approche compréhensive. L' « économie des secrets » permet une analyse de l’existence de couplages de bénéfices d’échelles différentes (intime, personnelle, groupale, sociétale).

Ce travail permet d'étudier des pratiques hétérogènes de dissimulation développées par des personnes physiques et des personnes morales. il permet de s'interroger sur la stabilité des mécanismes de « surviolence » dans des institutions communautaires. C’est par un enchevêtrement de bénéfices pour des acteurs situés dans différentes sphères que se constitue un bouclier protecteur d’un système « vicié ». Enfin, il est proposé de considérer ces couplages et maillages de bénéfices comme transposables dans des affaires aux caractéristiques identiques (gestion d’enfants fragilisés socialement, adultes intéressés, institutions gérants des « débarras », financements publics et contrôles insuffisants, commande sociale et morale paradoxale).

(1) l'orthographe "Vermireaux" est également utilisée dans certains documents d'époque

Pour en savoir plus sur la suite, consultez l'article de Libération du 29 janvier 2009,
le bien public ou faites un tour sur le site de la compagnie du Lab
en attendant la publication prévue courant 2009 de la monographie des Vermiraux, par Emmanuelle Jouet.

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mise en ligne : 30 septembre 2007, Olivier Las Vergnas - Droits photos : OLV